Parmi
les actualités qui auront marqué cet été 2021, on se souviendra de
l’affaire Mila, à la fois si emblématique et si banale d’une France où
certaines communautés, loin de s’assimiler à la population qui les ont
accueillies, réclament d’elle qu’elle s’assimile à leurs mœurs et à leur
vision du monde. Alors que les féministes et la gauche en général se
sont fait très discrets pour ne pas risquer de « stigmatiser » l’islam,
les rares femmes engagées à avoir pris sans ambiguïté la défense de Mila
se sont avérées être elles-mêmes issues de la communauté musulmane.
C’est en connaissance de cause, bien placées pour savoir quels risques
pouvaient encourir les femmes en cas de « grand remplacement », qu’elles
ont pris la parole.
Interviewée dans Le Figaro du 3 juin,
Zineb El Rhazoui prend sans ambages la défense de la jeune fille :
« Mila est libre d’être vulgaire, mais ses détracteurs, eux, prétendent
que leur vulgarité est au service du sacré, et c’est cela qui est
absurde. » Elle pointe le silence de ceux (et surtout de celles) qui se
sont pourtant fait les chantres de la défense des femmes et des
minorités sexuelles. « Les associations soi-disant féministes qui font
du féminisme sélectif sous prétexte d’antiracisme finissent par accepter
un féminisme au rabais pour les femmes musulmanes ou victimes du
patriarcat islamique, elles tombent donc exactement dans la définition
du racisme. Quant aux associations qui prétendent lutter contre
l’homophobie sans jamais mentionner que l’homosexualité est condamnée
dans l’ensemble des pays où l’islam fait la loi – souvent de la peine de
mort – elles font elles-mêmes la démonstration de leur imposture. » On
relira avec profit le très stimulant essai de Denis Bachelot, L’Islam, le sexe et nous
(Buchet Chastel, 2009), qui avait anticipé il y a déjà plus de dix ans
la multiplication de ces dérives consécutives à l’immigration.
Dans L’Express du 10 juin,
Abnousse Shalmani s’adresse directement à l’adolescente harcelée et
retirée de son école suite au déluge de menaces de mort : « Mila, le
temps des rendez-vous amoureux, ce temps volé aux devoirs, à la famille,
pour retrouver l’être aimé au bout de la rue, t’a été pris par des
gamins qui se sont dressés en juges-la-morale, qui préfèrent des barbus
qui aiment la mort à des femmes qui célèbrent la vie, des gosses qui
n’en sont déjà plus, qui se limitent, se cloisonnent, s’enferment. Ils
ne veulent pas apprendre, ils veulent s’imposer ; ils ne veulent pas
entendre, ils veulent gueuler plus fort. Ils refusent la joie, ils
préfèrent la peur ; ils pensent être justes, ils sont manipulés.
Regretteront-ils les baisers sans lendemain, les mains qui se cherchent
dans le noir, l’affirmation beuglante de convictions rances qui ne
durent que le temps d’un battement de cils ? Regretteront-ils, plus
tard, quand il n’y aura plus de légèreté, quand il sera temps de gagner
sa vie, regretteront-ils ta saine vulgarité, ton aplomb, ta franchise,
tes dessins, ton humour et tes cheveux roses ? Regretteront-ils d’avoir
piétiné une jeune fille en fleur avec une fierté qui fait froid dans le
dos ? Toi, tu préfères les frissons du printemps, parce qu’on n’est pas
sérieux quand on a 17 ans et qu’on a des tilleuls verts sur la
promenade. Rimbaud t’aurait tressé un poème sur mesure pour ne jamais
oublier qu’il existe une adolescente qui ne craint ni les barbus, ni les
corbeaux, ni la lourdeur. » Difficile, en lisant cette belle envolée,
de ne pas penser à ces visuels qui circulent beaucoup sur internet ces
dernières semaines et qui nous montrent l’Afghanistan avant et après la
prise de pouvoir des talibans…
Et
pourtant, il y a tout à craindre que les flux migratoires entrainés par
l’actuelle crise afghane aboutissent en France à des effets aussi
tragiques que ceux des vagues précédentes, et ce dans le même climat de
déni entretenu par les médias et les autorités. D’où ce coup de gueule
bien senti de Gérard Biard dans le Charlie Hebdo du 1er septembre :
« Il ne fait aucun doute que tous ces théoriciens du talibanisme
inclusif, qui vont à coup sûr proliférer dans les semaines et les mois
qui viennent, savent reconnaître un fasciste quand ils en croisent un.
Nombre d’entre eux se classent à gauche, ils sont même imbattables à ce
petit jeu. Pas de danger qu’ils ratent un Bolsonaro ni un Viktor Orban.
Mais curieusement, il suffit que ledit fasciste porte une barbe et
brandisse un Coran pour que leur détecteur de fachos soit pris en
défaut. Il ne faut pas confondre le fascisme à poil ras, intolérable, et
le fascisme à poil long, sympa. » C’est, soit dit en passant, ce sur
quoi nous alertons depuis des années…
C’est aussi ce que dénonce Nicolas Lévine sur notre site le 17 août :
« Sur BFM et CNews, la question n’était pas : “Comment les empêcher
d’arriver ?” mais “Combien faut-il en prendre ?” Voilà, tout le monde
est bien d’accord, il est acquis que nous devons, au nom du droit des
petites filles à aller à l’école, accueillir beaucoup d’Afghans. Il est
vrai que, pour ces commentateurs, les Français ne sont pas plus
légitimes en France que n’importe qui d’autre. » Et d’anticiper les
événements sinistres qui, hélas, vont nécessairement se multiplier
consécutivement à ce nouvel « enrichissement culturel » :
« Préparez-vous aux violons, ça va propagander sévère. Libé va
nous dégoter la seule rockeuse afghane transgenre et tatouée ! Et quand
dans trois mois des “réfugiés afghans” se feront sauter dans un musée,
et quand dans six mois des “réfugiés afghans” violeront une adolescente
dans le RER, et quand dans dix mois un “réfugié afghan” égorgera des
passants dans les rues de Verdun, faudra surtout pas venir nous parler
de causalité, hein. Car les civilisations, les cultures, les peuples, ça
n’existe pas. » Ce qui est le plus révoltant dans toutes ces affaires,
c’est peut-être justement ça, leur prévisibilité, l’évidence des liens
de causalité que pourtant les autorités et les médias s’obstinent à
nier. Lévine force à peine le trait car la réalité, déjà, rattrape ses
prévisions : le 25 août, sur BFM TV,
l’inénarrable Sandrine Rousseau déclarait sans honte : « S’il y a des
Afghans potentiellement terroristes, il vaut mieux les avoir en France
pour les surveiller. » Voyons les choses du bon côté : la candidate EELV
n’a même pas besoin d’adversaires pour enterrer sa candidature à la
présidentielle, elle s’inhume toute seule à grandes pelletées – bon
débarras !
Mais revenons à Mila. Au moment du procès de quelques-uns de ceux qui l’avaient menacée en ligne, même Médiapart,
pourtant toujours prompt à toutes les complaisances
« islamo-gauchistes » et pas vraiment connu pour son attachement à la
laïcité, est un peu gêné aux entournures. Dans son édition du 24 juin,
on peut lire ceci : « Parce qu’on leur a appris à respecter la religion
des autres, les prévenus n’ont vu dans ces images fleuries que des
insultes aux croyants. » Il serait peut-être temps, comme le disait il y a déjà pas mal d’années le regretté Pierre Gripari,
de reconnaître un devoir, sinon un droit, au blasphème… L’article donne
ensuite la parole à l’avocat de Mila : « On n’a fait qu’entendre des
excuses piteuses. Le mal de cette génération, c’est de se croire offensé
professionnel. » Et ça, reconnaissons-le, c’est un problème de société
qui dépasse de loin la question de l’islam et qui, sous nos latitudes,
prend sa source bien ailleurs qu’à la Mecque…
Que
faire contre ces « offensés offenseurs », ces internautes immatures se
sentant moralement légitimés à harceler ceux qui les contredisent sous
prétexte de victimisation inversée ? S’il y a peut-être de bonnes
pistes, il y en a aussi de très mauvaises, à commencer par celle de la
censure et d’un contrôle accru sur tout ce qui s’écrit en ligne. C’est
là une spécialité de nos autorités : lorsqu’elles se trouvent
confrontées à un problème dont elles sont elles-mêmes la cause indirecte
(ici l’irresponsabilité migratoire, les concessions coupables faites au
communautarisme, un certain laxisme politique), elles sont prêtes à
trouver n’importe quel bouc émissaire pour éviter de se remettre en
question ou de dévier de leur ligne. Et la plupart du temps, le bouc
émissaire idéal, c’est la liberté d’expression. C’est ce que craint
Yascha Mounk qui, dans L’Express du 17 juin,
écrit qu’« il existe un réel danger que les mesures prises pour
“sauvegarder la démocratie” face aux réseaux sociaux n’exacerbent les
dommages qu’elle subit ». Malheureusement c’est précisément dans ce
sens-là que semble vouloir appuyer la doxa pour corseter la toile : « La
plupart des universitaires et des journalistes, écrit-il, s’accordent
désormais à dire qu’Internet et les réseaux sociaux incitent à la haine,
donnent du pouvoir aux extrémistes et mettent en danger la démocratie.
Et nombreux sont ceux affirmant maintenant que la seule façon de sauver
cette dernière est d’interdire la désinformation et de limiter la
liberté d’expression. »
C’est justement ce sophisme que dénonce Jacob Maxime dans un article paru le 7 juillet sur le site de Polémia :
« Parler des réseaux sociaux, qui ont été les vecteurs de ces menaces
de mort, c’est l’occasion pour le système de demander leur contrôle. Le
débat porte sur le fait de savoir comment modérer (comprenez : censurer)
les réseaux sociaux. Nous pourrions résumer la pensée médiatique par :
s’il y a du harcèlement sur Internet, coupons Internet. » Depuis la
dérive autoritaire prise par ce gouvernement, tout est toujours prétexte
à renforcer la surveillance de ce qui se dit et s’écrit, la crise
sanitaire n’en étant qu’un énième exemple. « En 2016, poursuit
l’article, le camion qui, sur la promenade des Anglais, a causé la mort
de 86 personnes, lors d’une attaque musulmane, n’était qu’un moyen. Le
problème ne venait pas du camion, comme le problème ne vient pas des
réseaux sociaux pour Mila. Affaire Mila, terrorisme, délinquance,
insécurité, baisse du niveau scolaire… La cause majeure de tout ceci
tient en un mot : immigration. Si la presse du système n’ose pas
l’écrire, c’est à nous, acteurs des médias alternatifs, de le faire. »
C’est justement ce que nous nous efforçons de faire, chez Éléments, depuis de nombreuses années.
C’est la même indignation qui anime Mathieu Bock-Côté lorsqu’il écrit, dans Le Figaro du 30 juillet :
« Comment comprendre un régime qui annonce vouloir lutter contre les
comportements machistes et les discours haineux en se montrant toujours
plus répressif contre ces derniers, mais qui, au nom de la diversité,
célèbre dans le rap et plus largement la culture des banlieues une
agressivité telle qu’elle n’est pas sans évoquer un désir
d’appropriation des femmes à la manière d’un geste de domination et d’un
exercice archaïque de la souveraineté en pays conquis ? Comment
comprendre un État se voulant hostile au racisme, mais peinant à
reconnaître le racisme antiblanc ? » A ce jeu-là, ce sont toujours les
indigènes (les vrais, pas ceux qui se parent indument de cette
étiquette) qui sortent perdants. « Les populations occidentales,
explique-t-il, sont ainsi progressivement amenées à consentir à leur
exil intérieur, dans un monde où elles ne seront plus que tolérées,
comme si elles n’étaient désormais que le bois mort de l’humanité. » Il
poursuit sa réflexion le 7 août
dans les colonnes du même quotidien : « Il y a quelque chose d’étonnant
à ce que la question de l’immigration massive et de ses effets ne soit
pas celle qui structure l’ensemble de la vie politique, tant elle
bouleverse des domaines de la vie collective en apparence aussi
contrastés que la sécurité ou l’éducation. » Et de se poser cette
question angoissante : « Y aura-t-il encore demain un peuple français ou
sera-t-il seulement occupé désormais à négocier les termes de sa
minorisation ? »
Les
pays européens sont-ils donc condamnés à céder sous la submersion
migratoire et à accepter de voir leurs conditions de vie devenir
toujours plus précaires et toujours plus insécures sous l’effet d’un
« vivre-ensemble » qui, on l’a suffisamment éprouvé, ne fonctionne pas ?
Non, ce n’est pas une fatalité. Même au sein de l’Union européenne, où
il est devenu très difficile de résister aux diktats de Bruxelles en
matière de libre circulation, certains pays – et pas forcément ceux
auxquels on s’attendait – commencent à se relever, sous la pression de
leurs opinions publiques, et voient émerger de nouvelles forces
politiques quand ce ne sont pas les anciennes qui, sentant le vent
tourner, rectifient le tir et adoptent un discours plus responsable sur
l’immigration. Un des exemples les plus encourageants est peut-être
celui du Parti social-démocrate danois, auquel Le Monde Magazine du 26 juin
consacre un article très intéressant. Il vaut la peine d’en citer ici
quelques passages car on peut y voir le symptôme d’un changement qui
pourrait s’affirmer sur le plus long terme et se produire également sous
nos latitudes. La journaliste, qui s’est rendue sur place, est allée à
la rencontre de plusieurs cadres du parti, notamment un certain Paw
Østergaard Jensen, peintre en bâtiment et président du comité des
affaires sociales de la mairie de la ville d’Albertslund. Fidèle aux
combats de la gauche ouvrière, il parle « de la concurrence sur le
marché du travail, des entreprises qui en profitent pour presser les
salaires et accélérer les cadences » et explique qu’« il faut arrêter
d’accueillir des réfugiés et des immigrés et intégrer les gens qui sont
déjà là ». Même discours chez Henrik Sass Larsen, président du groupe
social-démocrate au Parlement, qui considère que « si la gauche
européenne va mal, c’est parce qu’elle a trop longtemps été tétanisée
par “la peur d’être taxée de raciste” ou d’être accusée de “faire le jeu
de l’extrême droite” ». Cette gauche « n’a voulu voir “que le bon côté
du multiculturalisme” et n’a pas osé “reconnaître qu’une bonne partie
des musulmans ne sont pas intégrés”. À la place, elle s’est fourvoyée
dans la défense des minorités : “Quand vous dites à des ouvriers que
vous allez vous battre pour qu’ils aient des toilettes transgenres, vous
n’êtes plus pertinents auprès de vos électeurs de base”,
martèle-t-il. » On nous présente ensuite Mette Frederiksen, dirigeante
du Parti social-démocrate danois, qui « a compris que le parti ne pourra
pas regagner une élection à moins de se reconnecter avec les électeurs
traditionnels du parti, qui demandent une politique migratoire
restrictive ».
La
social-démocratie danoise semble donc être en phase de mutation. Ce
n’est toutefois pas l’avis de Mattias Tesfaye, ancien maçon et fils d’un
réfugié éthiopien, devenu ministre de l’immigration et de l’intégration
en 2019, et auteur d’un essai sur l’histoire de la politique migratoire
au Danemark selon lequel « le parti ne fait rien d’autre qu’appliquer
les analyses des maires de l’ouest de Copenhague qui plaidaient déjà,
dans les années 1980, contre la droite et les patrons, pour une
politique migratoire restrictive ». Une sorte de Marchais nordique
pourrait-on dire… Selon la journaliste, il y a pourtant eu un tournant,
peut-être dicté par des enjeux électoraux : « Las de perdre les
élections, les leaders du Parti social-démocrate ont commencé à prêter
l’oreille à ces voix qui demandaient un changement. Quatre ans de
réflexion, lancés après une énième défaite électorale en 2015, pour
aboutir à un nouveau logiciel : résolument à gauche sur la défense de
l’État-providence et des classes populaires, mais à droite toute sur
l’immigration et l’intégration. » Résultat ? Le parti atteint maintenant
la barre des 30% dans les sondages et sa popularité bat des records.
Par ailleurs, enthousiasmés par le succès de ces nouveaux cadres, « à
l’Assemblée, un groupe de jeunes députés sociaux-démocrates, la plupart
issus des classes populaires, est prêt à leur emboîter le pas ».
L’article conclut en expliquant qu’en Europe, « l’exemple danois suscite
chez de nombreux sociaux-démocrates un mélange d’effroi,
d’incompréhension mais aussi… d’intérêt », et de citer à titre d’exemple
Arnaud Montebourg et « son récent plaidoyer pour une alliance des
forces populaires qui passerait par un programme économique très
interventionniste, un contrôle plus strict de l’immigration et la lutte
contre l’islam politique ». Qui vivra verra…
Quoi
qu’il en soit, en dépit de la limitation drastique des prérogatives
populaires par les gouvernements nationaux (et plus encore par les
gouvernances supra-nationales), il n’en demeure pas moins vrai que c’est
encore et toujours aux peuples que revient la légitimité du choix de
leur destin. Que chacun y réfléchisse et se demande sincèrement quel
pays il veut transmettre à ses enfants et, dans cette perspective,
quelle lui semble être la politique migratoire la plus raisonnable.
En
épluchant la presse à votre place, j’espère vous avoir fait gagner du
temps – que vous saurez mettre à profit en lisant de bons livres !
SOURCE